Pour commencer, qu’est-ce que le « Ghosting » ?

Ce terme anglo-saxon dérivé de ghost (le fantôme) désigne le fait pour une personne de couper tout contact avec une autre, de façon inopinée et sans donner d’explication.

Initialement attribué aux relations amoureuses, cette manière de rompre une relation a eu tendance à s’exacerber ces dernières années, notamment avec la digitalisation des relations et s’est largement étendu aux relations amicales et professionnelles.

C’est cette dernière qui nous intéressera aujourd’hui, particulièrement au niveau du recrutement, de la vie dans l’entreprise et dans les relations commerciales.

Le Ghosting dans le recrutement

Présent de longue date dans le recrutement, c’était bien souvent du côté de l’entreprise que la rupture de la relation était initiée, en ne donnant plus de nouvelles après un entretien par exemple.

Fréquemment banalisé, pendant un temps, nous nous sommes presque habitués à cette absence de considération envers les candidats.

Mais aujourd’hui, une large majorité des recruteurs ont conscience de l’enjeu autour de la marque employeur et de l’importance de ne pas laisser un candidat dans le brouillard après un entretien.

Des fois par peur de la confrontation et du retour négatif, le plus souvent par manque de temps, ce sont des milliers de candidats qui sont restés sans réponse, parfois même après des processus de recrutement complet.

Pour autant, cette mauvaise habitude qui a longtemps été l’apanage des recruteurs, semble avoir été reprise par les candidats eux-mêmes !

Lequel d’entre nous (recruteur ou manager) n’a jamais attendu 10 min son candidat devant le visio, en se disant que prévenir lorsque nous sommes en retard n’est pas si compliqué, puis finir par comprendre que l’on s’est fait ghoster ?

Interprété par les uns comme un manque d’engagement, ou comme un problème générationnel par les autres, c’est souvent l’abondance d’offres ou la facilité de certains profils à trouver un emploi qui pousse certains candidats à ne plus donner signe de vie.

Coté entreprise, l’impact sur la marque employeur semble évident, surtout lorsque l’on considère que près de 90% des embauches se font suite à une candidature en ligne, où les avis sur un employeur sont disponibles en quelques clics (source LinkHumans).

Côté candidat, si les répercussions paraissent moins directes, il n’en reste pas moins vrai que le monde est petit et que vous pourriez tout à fait avoir à faire un même recruteur quelque temps plus tard ou repostuler dans la même entreprise.

Le Ghosting en entreprise

Le phénomène ne se limite pas au processus de recrutement et se retrouve largement au sein de l’entreprise, sous de nombreuses formes.

La plus évidente : une personne nouvellement embauchée qui ne se présente pas à son premier jour, sans explications. Le plus souvent, c’est après avoir accepté plusieurs offres que les candidats en choisissent une, ne donnant plus de nouvelles aux autres.

L’autre cas de figure, qui devient de plus en plus courant, est l’abandon de poste après 1 jour, 1 semaine, 1 mois… Sans qu’il existe de réelles statistiques sur le sujet, nombreux seront les DRH qui vous parleront de cette pratique désastreuse sur le plan managérial et économique.

On trouve même des témoignages de ghosting sans qu’il y ait démission ! S’inscrivant probablement dans une mouvance de burn/bore out, des collaborateurs vont se retirer silencieusement d’un projet, ne pas se présenter aux réunions où aux évènements importants. Il est alors facile d’imaginer les conséquences que cela peut avoir sur la productivité et la charge de travail d’un projet porté par un groupe.

Le Ghosting dans les relations commerciales

Après les premiers échanges sur LinkedIn, un accord sur une date/heure pour échanger et un rendez-vous visio de programmé, vous faites parvenir une proposition commerciale à votre prospect et là : plus personne.

Si vous faites du développement commercial, il y a des chances pour que vous ayez déjà eu affaire à ce cas de figure, et ce n’est ni plus ni moins que du ghosting !

Et pour celles et ceux qui se diraient que « le silence en dit long », non ! Avec une vitesse de frappe moyenne de 40 mots par Minute, il faudrait une dizaine de secondes pour écrire un « Merci pour cette proposition, mais ce n’est pas ce dont nous avons besoin actuellement ».

Après avoir fait la démarche de prendre du temps pour échanger, cela semble assez facile à mettre en œuvre. Pourtant, c'est un cas de figure commun qui trouve des causes assez similaires à celles que nous évoquions plus haut sur les recrutements : difficultés à faire un retour négatif, manque d’engagement ou de temps…

Inutile d’évoquer le client qui ne répond plus au moment de payer la facture ou le fournisseur qui ne donne plus de signes de vie lorsqu’une livraison prend du retard, il s’agit là moins de ghosting que de quelqu’un qui essai de gagner du temps !

Comment limiter le risque de ghosting

Dans un sens comme dans l’autre, il y a très peu de positif à retirer d’une relation qui se termine ainsi. Mais alors, pourquoi “ghoster” dans le recrutement ou en entreprise ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène :

- La peur de dire “non” : la fuite est une réponse qui n’engage pas de confrontation avec son interlocuteur. Dans le milieu professionnel, les relations sont souvent plus délicates et plus normées. Le professionnalisme a généralement exigé d’aller dans le sens de son interlocuteur, nombreuses seront les personnes qui auront du mal à construire une réponse négative dans un contexte professionnel.

- Le manque d’engagement : à l’heure du numérique, où les relations vont à 100 à l’heure, tout est devenu plus complexe : il est possible de contacter instantanément n’importe quelle personne de son entourage, mais aussi d’être contacté pas de nombreux potentiels employeurs. Si un candidat décide de ne plus répondre à une sollicitation, il peut s’agir d’un oubli, mais aussi d’une preuve évidente qu’il ne se sentait pas assez engagé dans les échanges avec vous pour justifier de rompre ce “lien”.

Les relations interpersonnelles, qu’elles soient privées ou professionnelles, ne sont pas une science exacte. Pour autant, il paraîtrait qu’une communication claire et transparente dès le début d’une relation soit une bonne base. Cela contribuera à l’établissement de relations solides, qui pourront être entretenues par la création d’évènements, le travail d’équipe et la cohésion de groupe (team building).

La technologie a également son rôle à jouer : SIRH, CRM, ATS… autant d’outils qui vous permettront de monitorer la relation à toutes les étapes de la vie d’un candidat, d’un salarié, d’un prospect ou d’un client et de ne rien laisser au hasard.

En somme, cette tendance n’est pas une fatalité, et comme les petits ruisseaux font les grandes rivières, il ne tient qu’à vous d’entretenir une relation, de la conclure lorsque c’est nécessaire et d’essayer de ne plus être le ghosteur.

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